Carla Bruni

Déranger les pierres

je veux mes yeux dans vos yeux

je veux ma voix dans votre oreille

je veux les mains fraiches du vent

je veux encore le mal d’aimer

le mal de tout ce qui émerveille

je veux encore brûler doucement

marcher à deux pas du soleil

et je veux déranger les pierres

changer le visage de mes nuits

faire la peau à ton mystère

et le temps, j’en fais mon affaire

je veux ton rire dans ma bouche

je veux tes épaules qui tremblent

je veux m’échouer tendrement

sur un paradis perdu

je veux retrouver mon double

je veux l’origine du trouble

je veux caresser l’inconnu

et je veux déranger les pierres

changer le visage de mes nuits

faire la peau à ton mystère

et le temps, j’en fais mon affaire

je veux mourir un dimanche

au premier frisson du printemps

sous le grand soleil de Satan

je veux mourir sans frayeur 

fondue dans un sommeil de plomb

je veux mourir les yeux ouverts

le nez au ciel, comme un mendiant

et je veux déranger les pierres

changer le visage de mes nuits

faire la peau à ton mystère

et le temps, j’en fais mon affaire

Cet article a été publié dans poèmes des autres. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Carla Bruni

  1. brigitte dit :

    "Le coeur cousu" un beau livre, un déterminisme forcéné de ces vies de femme, qui s’envolent pourtant dans une myriade de papillons. Belle soirée musicale à toi, Corinne.

Répondre à brigitte Annuler la réponse.